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Ajaccio : Frigettu, une confiserie familiale et artisanale pleine de surprises


Pierre BERETTI le Mercredi 13 Décembre 2017 à 20:52

Un régal pour les papilles et les pupilles. La nouvelle confiserie artisanale Frigettu ferait retomber en enfance n’importe qui. Et si les recettes héritées d’un aïeul datant de 1849 s’avèrent succulentes, le parcours d’Eric Fradin, personnage haut en couleurs, est digne d’un roman.



Ajaccio : Frigettu, une confiserie familiale et artisanale pleine de surprises






C’est bientôt les fêtes de fin d’année, l’heure des friandises approche à grand pas, celui des contes de Noël aussi. On a l’impression de trouver tout cela lorsqu’on passe la porte de la nouvelle confiserie Frigettu qui vient d’ouvrir au rond point du Stiletto à Mezzavia. En effet, plus qu’un commerce, c’est toute une histoire. Celle d’Eric Fradin, le maître confiseur également maître des lieux. Si tous les enfants s’émerveillent devant les bonbons, le jeune Eric a treize ans lorsqu’il veut découvrir le secret de leur fabrication. « J’ai découvert le métier de confiseur en cuisant mon premier chaudron de sucre chez Jean, un ami de mon grand-père, un confiseur qui fabriquait artisanalement des sucettes et des berlingots. Après avoir obtenu une dérogation du rectorat, je suis entré en apprentissage et j’ai appris toutes les étapes de cuisson du sucre, du sirop au caramel en passant par les fruits confits, le nougat, la guimauve, le pastillage et le sucre d’orge. Parallèlement j’ai suivi un apprentissage de cuisinier également car mon grand-père disait « qu’un bon cuisinier aurait toujours du boulot » ».
Cette passion pour le travail du sucre ne le quittera plus dès lors et le fera voyager. En quarante ans de métier, Eric Fradin a connu les États-Unis, l’Australie, la Pologne, la Thaïlande, l’Espagne, l’Allemagne et la Russie. Ce besoin de transmettre le savoir-faire et d’être un ambassadeur des « french candies » sera d’autant plus accru à la mort de Jean, son premier maître.  
 
La Corse en guise d’alliance
Après avoir connu autant de pays, le confiseur arrivera en Corse en 2014. La raison pour laquelle il a choisi notre île pour y élire domicile est tant surprenante que particulièrement romantique. « J’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse en 2005 et lors de notre mariage en 2006, en lieu et place d’une bague, elle m’a fait promettre de venir s'installer en Corse, cette terre qu’elle connait depuis l’enfance pour y avoir séjourné chaque année. J’ai tardé pour des raisons professionnelles mais le 2 avril 2014 nous sommes arrivés par bateau ».

Mais repartir à zéro dans une région qu’il ne connaît pas n’a pas été chose aisée. Pourtant dès son arrivée, à la descente du bateau, Eric Fradin, son épouse Delphine et sa petite fille Eva vont faire l’expérience de ce qu’est l’hospitalité corse. « Il y avait un marin à la sortie du navire qui croyait que j'étais brocanteur car mes chaudrons en cuivre était visibles sur la plage arrière de la voiture. J’ai expliqué que j’étais confiseur et que je fabriquais des berlingots. Hasard ou destinée? Le marin a téléphoné à son frère qui lui a confirmé que c’était le bonbon d’enfance de leur maman. Après avoir échangé nos numéros de téléphone, quelques jours plus tard j’ai reçu un appel d’un ami des marins qui m’a proposé d’installer un atelier dans sa résidence hôtelière pour fabriquer des sucettes et des berlingots. En Corse, je peux dire que l’hospitalité n’est pas un vain mot ».
 
De 1849 à nos jours, une histoire de famille
Malgré les « bonnes fées » qui se penchent sur le berceau de la nouvelle entreprise, Eric Fradin ne cache pas que les choses n’ont pas été toujours faciles. Celui qui est tombé amoureux de notre île au point de baptiser sa confiserie avec un nom corse « Frigettu », se souvient des longues heures à fabriquer à la main, de son épouse et de sa fille mettant en sachet, collant les étiquettes et l’aidant sur les foires en plus du travail et de l’école. Car oui, chez Frigettu, tout est une histoire de famille. Et dans ce registre là, notre maître confiseur a encore de belles histoire pour étoffer son conte de Noël. « Un soir de Novembre, il y a deux ans, ma fille voulait sucrer un yaourt nature et comble pour un confiseur, il n’y avait pas de sucre en poudre à la maison elle est allée alors cherché à l’atelier des brisures de berlingots pour sucrer son dessert. Quelques semaines se passent et un soir, en me voyant mouliner du poivre dans mon assiette, elle a imaginé mettre les brisures dans un moulin pour créer du sucre de berlingots. Notre moulin était présenté lors d’une foire quelques temps après et le succès était au rendez-vous. Aujourd’hui disponibles en de multiples arômes il est sur les tables à la maison, mais aussi chez les traiteurs, les glaciers, les pâtissiers, les salons de thé ».

Si la petite Eva âgée d’à peine dix ans a su apporter sa pierre à l’édifice familiale, le confiseur n’était pas au bout de ses surprises pour autant. En effet, en Août 2015, un généalogiste québécois le contacte via Facebook à la demande d’une famille franco canadienne héritière d’une maison ouvrière en Bretagne.  La maison étant vidée pour être vendue, une caisse a attiré l’attention du généalogiste. Elle appartient à un certain Auguste Fradin. Après les vérifications d’usage, il apparait qu’il s’agit bien d’un de ses aïeuls. Eric Fradin hérite donc de cette caisse. Il n’y trouvera pas d’or mais un trésor encore plus grand : un carnet. Comble de la coïncidence, Augustin était confiseur lui aussi et a consigné toutes ses recettes originales de 1849 ! Il n’en faudra pas plus au maître confiseur pour remettre ses caramels et bonbons tendres fruités à l’ordre du jour avec une gamme qu’il affiche avec fierté « Héritage 1849 ».
Une belle histoire malgré des hauts et des bas parfois très difficiles. C’est avec l’aide de plusieurs personnes placées sur son chemin, des encouragements aussi de nombreuses autres dont un certain « Edmond Siméoni sur une foire » nous glisse t-il, que les choses ont avancé.  C’est récemment avec la confiance également d’un fonds d’investissement que le rêve est devenue réalité avec l’ouverture d’une grande boutique. Elle sera assortie prochainement d’un atelier entièrement vitré pour les petits, ou les grands curieux qui, comme lui à treize ans, voudraient découvrir le secret de la fabrication des confiseries.